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Entretien avec Hans de Corporate Europe Observatory (CEO)

Connaissez-vous l'ONG Corporate Europe Observatory (CEO) ?

Dans les locaux de Mundo-b, CEO enquête et expose les cas d'accès privilégiés et d'influence des multinationales et leurs lobbies dans la création et la mise en uvre de politiques européennes. Nous avons interrogé Hans van Scharen, Media officer à CEO, pour comprendre plus en détails leur travail.

« Les deux aspects principaux du travail de CEO sont, d'une part, la recherche et la campagne sur les lobbys de grands groupes, et exposer leur influence sur le processus de création de politiques européennes dans de nombreux domaines comme : climat & énergie, banque & finances, agriculture & nourriture, santé & pharma, Big Tech ». D'autre part, CEO s'intéresse à étudier comment fonctionnent les institutions européennes : y a-t-il assez de transparence ? De protection institutionnelle pour défendre les intérêts généraux (des citoyens et des écosystèmes) ? Dans quelles mesures les intérêts des groupes privés ont un accès privilégié aux différents niveaux du processus de décision européen ?

Hans rajoute : « une question qui nous est souvent posée est : 'quel est l'effet de votre travail ?'. Et bien il y a tout de même de quoi être optimiste car beaucoup de choses se sont améliorées ces dernières décennies, beaucoup de sujets sont publiquement débattus et mis sur le devant de la scène. Mais pour autant il ne faut pas être naïf non plus, est-ce que les politiques publiques ont changé ? Non, pas vraiment, ou en tout cas pas assez. Il est clair que nous sommes dans une époque très intéressante pour le futur de l'UE et du monde. Par exemple, avec l'annonce du Green Deal européen, un énorme travail est fait par nous en collaboration avec plusieurs ONG, ne serait-ce que pour savoir si ce Deal sera vraiment 'green', durable, juste ou pensé pour le long terme, ou si ce n'est pas seulement une nouvelle couche de peinture, à la mode, sur le système actuel. » Vaste travail.

L'année prochaine, CEO aura 25 ans. Un bel anniversaire à célébrer, mais Hans nous explique que l'équipe réfléchit encore à comment le fêter. Il précise : « le fêter oui, entre guillemets, puisque notre travail est quand même de dénoncer des lobbys, la mainmise des entreprises sur les politiques, la corruption donc on peut se demander sil faut vraiment célébrer cela. Mais d'un autre côté, c'est important de fêter la résistance vibrante de mouvement dont CEO fait partie contre le néolibéralisme européen. Donc on y réfléchit encore. »

En interne, CEO a une organisation qui correspond totalement avec leurs valeurs : l'organisation est totalement horizontale et il n'y a pas de hiérarchie, de chef. « Cela signifie que nous sommes tous, collectivement, responsables de comment agit CEO, ce qui est génial mais qui signifie aussi du travail supplémentaire. Heureusement, il existe une forte solidarité et une grande humanité au sein de notre équipe pour veiller à ce que personne ne craque ou fasse de burnout. Certains sont là depuis des années et savent que les problèmes et les luttes que nous avons, comme beaucoup d'ONG, sont lourdes à porter au quotidien. »

En ce moment, ils sont à la recherche de deux nouvelles personnes pour leur équipe : un chargé de communication et un chargé d'engagement numérique. L'objectif ? Consolider la communication, le rayonnement et aussi les finances de CEO. « Bien sûr nous n'avons pas de financement de groupes d'affaires ni des institutions européennes. Nous ne sommes pas précaires mais notre situation n'est pas des plus confortables non plus, et c'est pour cela que nous souhaitons renforcer les dons des citoyens. Nous voulons demander du soutien à tous les citoyens en Europe pour soutenir notre travail. Comme beaucoup d'ONG, nous bénéficions du soutien financier d'organismes de charité et de bienfaisance sur des sujets spécifiques, et c'est très important. Mais il est vrai que par exemple, si 10000 citoyens donnaient 10€ par mois, ça nous donnerait encore plus de liberté d'agir et ça garantirait la longévité et la durabilité de nos recherches et de nos campagnes ».

Depuis plusieurs années, CEO enquête sur le puissant pouvoir des lobbies du secteur pharmaceutique et l'ONG a développé cette recherche notamment depuis un an pour mettre à jour l'influence de la Big Pharma sur la manière dont l'Europe a répondu à la crise du coronavirus. « C'est un domaine que nous suivons depuis plusieurs années déjà, mais étant donné l'impact de la pandémie, nous avons intensifié le travail pour mettre en lumière les impacts souvent négatifs de l'industrie sur la politique européenne. Le niveau d'hypocrisie de la part de l'Europe sur le débat sur les vaccins contre le Covid-19 et le pouvoir presque absolu des groupes pharmaceutiques est incroyable. La mobilisation autour de ce débat commence à avoir la même ampleur et la même importance que celle sur le TAFTA il y a quelques années. Il faut prendre en compte toutes les échelles de pouvoir de la Big Pharma qui dirige les politiques européennes, américains et multilatérales. Par exemple, ce n'est pas très connu mais nous savons désormais que Pfizer l'entreprise préférée de la Commission européenne est la principale entreprise parmi celles qui ont été les architectes du traité TRIPS qui protège la propriété intellectuelle des entreprise. Une dispense du TRIPS pour les technologies de la santé liées au Covid-19 est maintenant débattue à l'OIT à Genève. Les brevets des grandes entreprises pharmaceutiques sont vigoureusement protégés par Ursula von der Leyen et sa Commission européenne. La protection des brevets est donc là pour défendre les profits des vaccins pour des sociétés comme Pfizer. Nous avons assisté à la même bataille il y a 25 ans pour les médicaments contre le VIH. »

Et les sujets sur ce domaine sont encore plus vastes Hans continue d'expliquer : « Par exemple, nous avons aussi recensé tout un tas d'éléments qui prouvent que depuis un an, toujours au sujet de la crise du Covid-19, la Commission européenne rencontre quasiment uniquement les représentants des lobbys pharmaceutiques ou des entreprises de la Big Pharma, la Fondation Bill & Melinda Gates et des organisations liées à cette fondation, comme Global Citizen basée aux Etats-Unis. Or il y a quelques mois, la Commission a refusé de rencontrer Médecins Sans Frontières (MSF) qui a une forte expertise et crédibilité en termes de santé publique mondiale. En agissant ainsi, la Commission européenne a créé sa propre Chambre d'Echo en n'écoutant que les intérêts des grandes entreprises. »

Enfin, CEO et l'ONG Counter Balance ont lancé le podcast EU Watchdog Radio au début de l'année 2020 quand Hans est arrivé à CEO. Pendant une demie-heure à 45 minutes, il rencontre différents militants et chercheurs de CEO, Counter Balance et dautres ONG investies dans différentes problématiques. « Nous espérons que les personnes qui n'ont pas le temps de lire un rapport entier pourront écouter un épisode sur ce rapport et ainsi en comprendre l'essence grâce à ce podcast. » Retrouvez le dernier épisode sur le sujets des transports et du changement climatique.

 

Pour plus d'infos, rendez-vous sur leur site internet

 
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